STATUE DE LA LIBERTÈ (1984)

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série La STATUE DE LA LIBERTE  (1986)

Il s’agit là d’un travail longtemps prémédité, inutilisable dans un premier temps, puis globalement sauvé plus tard. Invité pour une exposition à New York en 1985, année où la célèbre statue de la Liberté était en restauration, il me vint l’idée de passer la voir pour prendre quelques photos à cette occasion. Par chance, au chantier, j’ai eu droit à deux heures pour faire le Ouistiti en équilibre sur des échafaudages et cadrer la princesse dans son cocon d’acier…De ces deux heures de sprint, il ne me reste rien en mémoire. À peine le souvenir d’une course à l’angle juste, le nez collé à la tôle vert-de-gris, à trente mètres du vide. La sensation de photographier un gigantesque machouilli de chewing gum à la chlorophylle !
À vrai dire, de retour en France avec mes laborieux négatifs (N&B) de la Miss, je ne savais absolument pas quoi en faire ! La monochromie des images sur les planches contact me renvoyait à une perception correcte des mots : sans intérêt.
Et puis, soudain, euréka : la technologie, l’outil ! Je devais essayer de faire se raccorder ces tristes vignettes grises avec mon souvenir de l’éclat vert émeraude de la sculpture. Il me fallait faire surgir un  » vert mental  » sur ces images atones !
La suite ne fut plus que chimies clapotantes sur les tirages en utilisant la technique dite des virages par zones pour contraindre les sels d’argent (noirs) à se parer des couleurs désirées. Une succession d’étapes à s’arracher les cheveux avec moult vernis protecteurs, acides, bases, sels de soufre, de cuivre, de fer. Tout un combat pour ce vert idéal qui eut tant de mal à trouver le même équilibre sur toutes les images qu’il me fallut un beau paquet de semaines pour parvenir à réaliser, en deux seuls exemplaires, une série de vingt images cohérentes.
Les anglais disent :  » Where there is a will, there is a way”. Je suis fier aujourd’hui de ce bras de fer avec ce que l’on nomme la technique. J’y ai appris beaucoup de choses qui devinrent des clés pour ouvrir ensuite d’autres portes que je ne soupçonnais pas. La moindre de ces clés est que, pour faire une bonne photographie, la petite musique du désir vaut bien plus que le dictat du réel.

22 éléments 22 x 33 cm. Épreuves au chlorobromure d’argent avec triples virages (bleu, sépia, jaune) par zones.

This work was long planned yet remained unused for a while before finally being salvaged at a later stage. I was invited to an exhibition in New York in 98 , the year the famous Statue of Liberty was being restored, and I decided to visit it and take some photos. I obtained permission to stay at the site for two hours, and I spent them tightrope-walking along scaffolding and portraying the princess in her steel cocoon. I can remember nothing of that two-hour balancing act. I just recall a race to find the right angle, my nose glued to the verdigris of the sheet copper, a thirty metre drop below me and the feeling of photographing a gigantic piece of chewed mint gum!

To tell you the truth, back in France I honestly didn’t know what to do with my hard-earned black and white negatives of the Beauty queen. The monochrome of the images on the contact sheet brought home the full meaning of the word « boring ». And then suddenly, Eureka! Technology, the tool that would help me link those sad grey pictures back to my memory of the bright emerald green of the sculpture. I should make a « mental green » appear on the colourless images!
The next thing to do was to treat the prints with lashings of chemicals using the technique known as split toning to make the black silver salts take on the desired colours. A series of operations to drive one to distraction, with protective varnishes, acids, bases, and sulphur, copper and iron salts. Trying over and over again to achieve that ideal green on all the images. Weeks of work, and then success, I had just two samples of a series of twenty consistent images.
The English have a saying: «Where there’s a will, there’s a way». I am proud today of my victory over technique. I learnt many things, found keys that would later open doors I had never even dreamt of before.
The most precious key is that, in order to make a good photograph, the soft music of desire is worth more than the whole orchestra of reality.

20 elements 22 x 33 cm. Silver chlorobromide prints with triple split toning (blue, sepia, yellow).