série: Les RÈTINES (2011)
Ma chambre possède une penderie dont les portes se ferment avec des poignées en céramique blanche et brillante. Lors d’un éveil de sieste, en ouvrant machinalement les yeux sur ces poignées, je fus alors surpris par la beauté du reflet de la fenêtre opposée, qui s’inscrivait sur ces formes ovoïdes. C’était comme des yeux laissant apparaître ce qu’ils voyaient. Je me promis alors de travailler sur une série photographique où d’autres archétypes de fenêtres se refléteraient sur ces » rétines »
Hélas, pour des problèmes optiques dits de profondeur de champ, il est impossible de photographier également net la poignée et le reflet d’un paysage éloigné de cette poignée. Le cerveau croit pouvoir le faire mais c’est un leurre. Évidemment, un petit copier-coller en numérique eut vite résolu l’affaire mais cette facilité photographique (je dirais plutôt ici : infographique), n’avait pour moi aucun intérêt. Ma laborieuse petite solution technique consista à projeter des images de fenêtres sur un écran positionné au plus près d’une poignée pour capter leur reflet sur cette poignée. J’avais alors l’image de la fenêtre (presque) aussi nette que la poignée elle-même. Demeure ces quelques œufs de lumière fécondés autant par le bricolage que par le souvenir d’un émerveillement…
5 éléments 31 x 20 cm. Épreuves au chlorobromure d’argent.
In my bedroom is a wardrobe whose doors close with shining white ceramic door-knobs. On waking after a siesta my eyes focused automatically on these handles, and I was taken aback by the beauty of the reflection projected on these ovoid forms by the window opposite. They were like eyes revealing what they could see. I promised myself that I would work on a photographic series where other prototypes of windows could be reflected on these « retinas ».
Unfortunately, with optical problems known as « depth of focus » it is impossible to photograph equally sharply both the door-knob and the reflection of a landscape far removed from the knob. The brain thinks it can do it, but that’s an illusion. Of course a numerical copy and paste solution would have quickly solved the problem, but such a photographic (I would rather say : infographique) solution held no interest for me. My laborious little technical answer was to project images of my windows onto a screen, positioned as close as possible to the door-knob, in order to capture their reflection on this knob. I then had the window (almost) as sharp as the door-knob itself. There remain these eggs of light, fertilized as much by DIY as by the memory of being filled with wonder …
5 elements 31 x 20 cms. Silver chlorobromide prints.