ADRIEN (2008)
Il est difficile pour moi d’expliquer la raison cette image qui pourrait se résumer en la photographie d’un maladroit portrait au crayon, avec une mouche posée dessus. Il me faudrait raconter des souvenirs d’enfant en vacances où je dormais sous le portrait d’un oncle « mort-très-tôt-à-la-guerre ». Cette situation banale aurait été sans effet si je n’avais découvert un jour, dans une vieille malle de cette maison familiale, ce pathétique autoportrait inachevé, laborieusement quadrillé sur les bords. C’était de lui, c’était lui: Adrien.
Tout se condense ici : La trace d’un apprentissage, l’ébauche d’un regard sur soi, un projet interrompu, l’histoire qui annule tout, la poussière du temps, le petit-neveu qui dort sous le portrait et, maintenant, cet adulte photographe qui conserve pieusement ce dessin émouvant et y dépose, par tendresse, la seule gardienne possible de cette globale vanité: une mouche.
1 élément 100x 80 cm. et 48 x 40 cm. Épreuves au chlorobromure d’argent avec virage et colorations.
It is difficult for me to explain what is behind this image; it could be summed up as the photograph of a clumsy pencilled portrait, with a fly perched on top. I need to recount my childhood memories, where on holiday I would sleep under the portrait of an uncle « who-suffered-an-early-death-during-the-war ». This banal situation might have had no effect, except that one day, in an old trunk from the family home, this pathetic, unfinished, self-portrait was discovered, laboriously squared at the edges. It was of him, it was him, Adrien.
Everything comes together here : the trace of an apprenticeship, the sketch of an eye cast over oneself, a project interrupted, history which cancels everything, the dust of time, the great-nephew sleeping under the portrait, and now this grown-up photographer who piously preserves this touching drawing, and affectionately, places the only possible guardian on this global vanity : a fly.
I element 100x80cms and 48x40cms silver chlorobromide print with toning.